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Blasté
Scénographie I Théâtre I 2008

« Une lumière blanche éclaire soudainement toute la scène et puis on entend une énorme explosion. Noir. (…) L’hôtel a été touché par un tir de mortier. » Extrait de didascalie, Blasted de Sarah Kane

 

Alors que rien ne l’annonce, la scène passe en un instant de la chambre d’hôtel standard au territoire dévasté, à la ruine et à la désolation. Et ce n’est là qu’un des aspects dérangeant de ce grand oeuvre signé Sarah Kane. Nous avions à coeur de coller à la réalité du texte qui comporte beaucoup de didascalies, autant d’indices laissés par l’auteure pour percer le mystère de sa dramaturgie. Nous avions lu combien elle avait été déçue par les versions auxquelles elle avait assistées parce que précisément toutes ces indications n’avaient pas trouvé leur incarnation sur scène. Il était donc important que les spectateurs voient « exploser » la chambre sur scène plutôt que de simplement le suggérer.

 

Dans un univers paradoxal où tout est visiblement faux, les fleurs, le gin, la neige ou l’explosion, la réalité brutale des mots de l’auteure transcende la frontière entre réel et fiction et rend la violence sur scène parfois plus insupportable que celle des journaux télévisés. « Nous devons parfois descendre en enfer par l’imagination pour éviter d’y aller dans la réalité. » L’écriture de Sarah Kane élève cette histoire cruelle à la hauteur des mythes antiques. L’espace après l’explosion devait donc répondre aux proportions de la dramaturgie exposée devant nous. L’échelle devait passer de celle plus domestique d’une chambre à la monumentalité du mythe sans que le spectateur ne soit en mesure de le prévoir. La création d’un plafond noir presque invisible au début de la représentation a permis ensuite de soutenir une lumière verticale et presque divine, à la mesure de l’écriture d’une auteure d’exception.

De Sarah Kane

Traduction de Jean-Marc Dalpé

Mise en scène de Brigitte Haentjens

Costumes de Yso

Éclairage de Étienne Boucher

 

Une production de Sibyllines  présentée à l’Usine C à Montréal

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